Posté le : samedi 5 octobre 11:16

Bonjour,
Dans l’hypothèse ou GRT Gaz admet l’ injection des 6% d’H2 dans son réseau, Les LIE/LSE indépendantes sont pour le CH4 (5/15) et H2 (4/75).

La Limite Inférieure d’Explosivité (LIE) et la Limite Supérieure d’Explosivité (LES) sont :

  • pour le CH4 seul : LIE = 5%, LSE=15% : ce sont les concentrations basses et hautes entre lesquelles le mélange peut s’enflammer ;
  • pour l’H2 seul : LIE = 4%, LSE = 75%.

Quels seraient ces valeurs pour un mélange à 6% et quels dangers supplémentaires en cas de ruptures de canalisations sur le domaine publique. Actuellement au vue du nombre d’ incidents liés au travaux publiques, très peu se transforment en accidents; Qu’en sera t il à 6% d’hydrogène?
Le PCS (Pouvoir Calorifique Supérieur) du gaz, qui permet de caractériser l’énergie contenu dans le gaz, va fluctuer en fonction de vos arrêts, quelles incidences cela aura t il sur le fonctionnement de nos appareils domestiques et installations industrielles?
Est ce que le fait de stocker ou de contenir l’ oxygène que vous comptez rejeter à l’ atmosphère, vous obligerez à passer comme site SEVESO? Le fait de ne pas être SEVESO vous affranchie de bon nombre de contraintes et de réglementations?
Sous quelle convention collective serez vous rattachés? Celle des IEG (Entreprises des Industries Électriques et Gazières) ?
Merci pour le temps que vous prendrez à répondre.

Notre réponse :

Nous vous remercions pour votre contribution.

L’injection de l’hydrogène dans le réseau de gaz

Le power-to-gas consiste à injecter de l’hydrogène dans le réseau de gaz naturel, qui contient principalement du méthane. À ce jour en France, les spécificités contractuelles du gaz livré par les opérateurs de réseau prévoient une limite maximale de 6% d’hydrogène en volume dans le réseau de gaz naturel. Toutefois, la réglementation permettant d’injecter de l’hydrogène pur jusqu’à un maximum de 6% n’est pas encore en vigueur. Le ministère de la Transition écologique et solidaire a demandé aux opérateurs d’infrastructures de gaz naturel un rapport sur les conditions techniques et économiques d’injection d’hydrogène dans les réseaux de gaz naturel, portant notamment sur « une attention particulière à la question de l’intégrité des canalisations et au fonctionnement sûr des appareils raccordés au réseau ». Les conclusions de ce rapport sont attendues pour le second semestre 2019.

De plus, dans une publication récente, l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) a évalué les enjeux de sécurité liés à l’injection d’hydrogène dans les réseaux de transport et distribution de gaz naturel. Il résume dans le tableau ci-dessous les caractéristiques du gaz en fonction du pourcentage d’hydrogène :

L’Ineris conclut que pour des faibles teneurs en hydrogène (20% max), l’ensemble des caractéristiques présentées ci-dessus restent de même ordre de grandeur que pour le gaz naturel sans hydrogène.

Des expérimentations sont par ailleurs en cours, notamment à Cappelle-la-Grande où le taux d’injection d’hydrogène dans le réseau de distribution a été progressivement porté à 20% (projet GRHYD). Le projet Jupiter situé à Fos-sur-mer expérimente également l’injection d’hydrogène dans le réseau de transport de GRT gaz.

Le projet H2V59 prévoit une injection d’hydrogène à hauteur de 1 à 2 % et suivra les conditions d’injection définies par GRTgaz qui s’assurera du mélange H2/CH4.

La maîtrise des risques industriels

Aucun stockage de l’hydrogène et de l’oxygène produits par H2V n’est prévu sur site :

  • L’hydrogène ne resterait que quelques minutes dans l’usine avant d’être vendu à GRTgaz et d’être injecté dans le réseau de gaz naturel ;
  • L’oxygène serait collecté à la sortie du procédé d’électrolyse de l’eau puis rejeté dans l’atmosphère par des évents.

En raison de l’absence de stockage de l’hydrogène et de l’oxygène sur place, l’usine H2V59 ne devrait pas être classée Seveso. En effet, une usine est classée Seveso à partir de 5 tonnes d’hydrogène stockées ou 200 tonnes d’oxygène stockées (rubrique 4715 et 4725 du la nomenclature des ICPE 4715 et 4725 du la nomenclature des ICPE).

Le fait de rester sous les seuils SEVESO contraint H2V à suivre des obligations réglementaires, en particulier pour les quantités maximum d’hydrogène et d’oxygène présentes dans l’installation.

Néanmoins, l’usine H2V59 serait une Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE). Une ICPE est contrôlée en continu par l’exploitant, notamment pour les rejets, et les mesures sont transmises aux services de l’État (police des installations classées). Elle fait aussi l’objet de contrôles extérieurs programmés ou inopinés, conduits par des laboratoires agréés sur demande de la police des installations classées, ou directement par celle-ci. En outre, une commission de suivi de site associant élus locaux, représentants de l’État, associations, représentants de l’exploitant, représentants des salariés peut être mise en place sur décision du préfet.

Outre les mesures mises en place dans toutes les usines (plan de prévention, formation et habilitation du personnel, bon entretien du matériel…), certaines sont spécifiques aux usines de production d’hydrogène de H2V :

  • Stricte séparation entre oxygène et hydrogène à l’intérieur de l’usine et ventilation continue des bâtiments ;
  • Eloignement des évents de rejet d’hydrogène et d’oxygène pour éviter la rencontre des panaches issus de l’usine. La taille du terrain permet de garantir le respect de ces distances de sécurité, et de contenir à l’intérieur de la parcelle tout impact d’un problème éventuel ;
  • Détection renforcée de l’hydrogène à l’intérieur des bâtiments pour identifier rapidement toute fuite ;
  • Combustion de l’hydrogène au moyen d’une torche en phase d’arrêt et de démarrage des électrolyseurs (la combustion de l’hydrogène ne génère que de l’eau), avec une surveillance renforcée ;
  • Equipement des canalisations d’hydrogène pour détecter les fuites ;
  • Arrêt des installations et mise en sécurité en cas de détection d’hydrogène.

Ces différentes mesures de maîtrise des risques sont intégrées dans la conception même de l’usine H2V59. Elles s’adossent à des méthodologies reconnues internationalement et à des normes nationales et directives internationales sur la production d’hydrogène. H2V travaille également avec des bureaux d’étude spécialisés et avec l’Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques (Ineris) pour la mise en œuvre des systèmes de détection d’hydrogène, de mise en sécurité des installations et de ventilation afin d’assurer un niveau de sécurité optimal.

La convention collective

H2V59 n’a pas encore déterminé la convention collective à laquelle elle sera rattachée.