Posté le : mercredi 13 novembre 17:10 par Cyrille Gaillard

Parce que le projet H2V propose de transformer l’électricité en hydrogène, il offre à l’Etat français un outil supplémentaire pour permettre qu’à chaque instant, l’équilibre entre la production et la consommation d’électricité. C’est un sujet important avec la part plus importante des énergies renouvelables intermittentes, l’éolien et le solaire notamment, dans le mix énergétique français, il est à envisager que la France se retrouve dans la situation de l’Allemagne en 2017 au cours duquel des éoliennes ont dû être arrêtées parce que le réseau ne pouvait supporter autant d’énergie (Article du journal Die Welt du 18 juin 2018 « Deutschland verschenkt Ökostrom im Wert von 610 Millionen Euro »). Selon ce même journal l’équilibre du réseau électrique aurait représenté un coût de 1,4 milliards d’euros en 2017, dépassant les 1,4 milliards d’euros consacrés à ce défi en 2015. Le stockage d’excédents de production d’électricité sous forme d’hydrogène est une solution pertinente complémentaire des autres solutions existantes (batteries, barrages hydroélectriques, amélioration du réseau etc).

Reste à savoir quel opérateur serait légitime pour assurer ce stockage stratégique. A mes yeux, l’opérateur idéal resterait RTE qui est le mieux à même de connaître l’état du réseau en temps réel et qui est en mesure d’anticiper les ajustements nécessaires pour le bon équilibre entre la production et la demande.

Cela passe par une redéfinition du périmètre d’intervention de RTE afin que cette activité ne soit pas déstabilisante pour le marché (que RTE puisse stocker de l’énergie pourrait être interprété comme un risque de fausser le marché concurrentiel de l’énergie). L’Etat français a su faire évoluer le périmètre de RTE pour que RTE puisse prendre en charge le raccordement des champs éoliens offshore français au réseau, il doit être possible de faire également évoluer le statut de RTE pour que sa mission comporte cette dimension du stockage à vertu uniquement d’équilibre de son propre réseau (et ainsi de rester le maître du temps pour le calendrier de développement du réseau).

Si cette idée pouvait être mise en oeuvre, nul doute qu’elle serait un pas de géant pour développer une filière hydrogène en France, à Dunkerque mais aussi sur d’autres territoires où des solutions également sont en cours de déploiement pour produire de l’hydrogène vert. Elle permettrait à l’Etat d’accompagner les jeunes (et moins jeunes) entreprises de cette filière d’avenir vers des économies d’échelle qui leur permettraient ensuite de proposer un hydrogène vert à un prix compétitif, en attendant également que les réglementations permettent l’injection de l’hydrogène dans les réseaux de distribution de gaz, en attendant également que l’hydrogène soit davantage utilisé dans les solutions de mobilités individuelles ou collectives.

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